Véritable icône douillette du patrimoine français, la charentaise est le chausson traditionnel par excellence typique de la région des Charentes. Jusqu’ici, facile. Mais connaissez-vous vraiment les secrets de cette pantoufle mi-tradi, mi-branchée, remise au goût du jour par les confinements et le retour au made in France ?
Un peu d’histoire s’impose…
Au Moyen-Âge, l’ancêtre de la charentaise est issu d’un processus… d’upcycling. Au XVIIème siècle, un cordonnier eu en effet l’idée d’utiliser des rebuts de feutre et de tissus provenant de la confection des uniformes de la Marine Royale pour en faire des pantoufles pour les paysans. Ceux-ci les glissaient dans leurs sabots, en guise de doublure intérieure pour un extra de chaleur et de confort ! La languette servait alors à protéger le cou-de-pied du contact du bois et pour l’anecdote, cette charentaise d’origine noire n’était pas latéralisée comme aujourd’hui : c’est-à-dire qu’elle n’avait pas de pied droit ou de pied gauche.
Au XVIIIème siècle, sous le règne de Louis XIV, nos pantoufles en feutre ont une tout autre utilité : elles sont portées dans les plus beaux palais de la noblesse française par… les domestiques ! Double objectif pour les charentaises des valets et leurs semelles en feutre : se déplacer sans faire de bruit dans la chambre de leur maître et lustrer les parquets des châteaux, pour une brillance absolue ! Elles sont alors baptisées les « silencieuses ».
Mais ce n’est qu’au début du XXème siècle, notamment grâce au docteur Jeva et son processus du collage du feutre que la charentaise avec sa semelle rigide et son fameux motif écossais débonnaire s’impose dans les foyers français. La famille Rondinaud va ensuite l’exporter dans le monde entier.
Le cousu-retourné sinon rien !
Le cousu-retourné n’est autre que le nom de la technique qui représente tout le savoir-faire de la charentaise authentique. La semelle de feutre est cousue et montée à l’envers avant d’être littéralement… retournée. En 2019, la Charentaise a d’ailleurs obtenu la protection d’une « indication géographique » (inédite dans ce secteur) sous le titre « Charentaise de Charente-Périgord », une appellation directement associée à la technique du cousu-retourné propre à cette région de France, la distinguant des produits plus bas de gamme, et notamment ceux fabriqués en Asie. Autrement dit, pour qu’une charentaise soit appelée ainsi, il faut obligatoirement qu’elle soit confectionnée suivant cette technique. Si ce n’est pas le cas, et même si elle a le même look, elle devra alors être appelée « pantoufle ».
Du déclin au chausson en vogue
Après le naufrage annoncé de la charentaise française dû à la concurrence asiatique et aux copies diverses et variées, Olivier Rondinaud, arrière-petit-fils de Théophile Rondinaud, dont la famille est dans la pantoufle depuis quatre générations se lance en 2020 dans le sauvetage de la charentaise, toujours à La Rochefoucauld-en-Angoumois. Aidé d’un associé, il rachète des machines datant des années 1950 qui servent à réaliser ce fameux cousu-retourné et réintègre une quinzaine de salariés détenteurs d’un savoir-faire qui était sur le point de disparaître…
Des marques de mode responsable comme la nôtre décident alors de leur confier la confection de la fameuse pantoufle, en la mettant au goût du jour. En plus du traditionnel motif écossais qui leur est si caractéristique, nous avons développé une gamme plus épurée ainsi que des coloris plus tendances. Résultat : le succès fut au rendez-vous dès leur lancement !
Maintenant que vous savez tout sur elle, que vous souhaitiez offrir du confort à Noël, passer en mode cocooning ou soutenir l’économie française, il ne vous reste plus qu’à choisir la charentaise qui vous ressemble !
Sources :
Wikipedia – La charentaise
Mensup – Charentaise et fière de l’être
France Info – La Rochefoucauld : L’Atelier Charentaises relance la production de la pantoufle made in Charente
France 2 – Reportage « Touchez pas à la charentaise »